• Rélexion autour d'un texte de Merton

    Robert King Merton, né en 1910, est un sociologue américain et un élève de Parsons. Il est considéré comme l'un des principaux représentants de l'analyse fonctionnaliste en sociologie. Il relativise le fonctionnalisme absolu de Malinowski en introduisant les notions de fonctions manifestes et de fonctions latentes, de dysfonctions, d'équivalents fonctionnels. Il a apporté également une contribution importante à la théorie des groupes de référence. Robert King Merton est entré dans la carrière de sociologue au moment où deux personnalités dominaient la sociologie américaine : Paul Lazarsfeld, représentant de la sociologie empirique, et Talcott Parsons, tenant d'une sociologie théorique.  Robert King Merton s'attachera à intégrer et dépasser ces deux versants, pour essayer de montrer l'influence réciproque de la théorie et de la recherche empirique.

    Le texte étudié est tiré du chapitre cinq « Structure sociale, anomie et déviance » d’un recueil d’articles écrits entre 1936 et 1950 «  Eléments de théorie et de méthode sociologique », traduit en Français en 1965. 

    Merton introduit son approche en se détachant des disciplines ayant déjà traité de la déviance (biologie, psychologie).

    Il cherche à comprendre comment les structures sociales peuvent pousser les individus à adopter différents comportements. Il identifie trois types de sociétés : la société sacrée où les individus sont liés à la tradition et limités dans leurs comportements ; la société bien intégrée où les individus s’attachent aux objectifs culturels et aux pratiques institutionnalisées et la société mal intégrée où tous les moyens sont bons pour atteindre des buts fixés.

    L’observation de Merton se fait dans une perspective microsociologique.

    L’ordre social est défini par Merton comme le résultat des actions des individus et du contrôle qu’ils doivent exercer sur eux-mêmes et l’environnement, pour établir les conditions qui leurs permettent de vivre en satisfaisant aspirations et besoins.

    Dans la deuxième partie du texte, Merton revisite la notion d’anomie. Si Durkheim pense que l’anomie résulte de l’absence de normes collectives claires, Merton énonce que celle-ci dérive de la discordance entre les objectifs que se fixent les individus, reflétant des valeurs plus ou moins intériorisées, et les moyens que ces mêmes individus mettent en œuvre pour parvenir à leurs fins.

    L'analyse de la déviance de Merton permet de tenir compte, au sein d'un modèle fonctionnaliste, des inégalités sociales. Il note par exemple que si la réussite individuelle et l'ascension sociale sont des valeurs fortes de la société américaine, il n'est pas possible que tous les individus puissent les réaliser en même temps. La déviance est alors perçue comme le résultat des inégalités, du fait que la société ne peut permettre qu'à une partie restreinte de sa population de vivre ce que tous sont contraints de réaliser. Cette approche lui a permis d'introduire dans le fonctionnalisme une attention à la dynamique sociale, à la contestation et aux inégalités.

    Chaque société a ses propres valeurs, qui servent de base pour établir les objectifs, et ses propres normes, qui règlent les moyens pour les atteindre. Selon Merton, le comportement déviant est un symptôme de dissociation entre les objectifs et les moyens. La déviance surgit quand au lieu d’accepter les objectifs et les moyens institutionnalisés, on cherche des nouvelles modalités. La déviance peut être causée par une massification des objectifs, l’inégalité des opportunités et les pressions sociales vers le succès.

     

    Dans le texte Merton rappelle l’influence de la famille sur le comportement des individus. Les enfants en fait assimilent des normes et valeurs explicites donnés par les parents, comme conseils, récompenses et punitions, et aussi des valeurs implicites qui ne sont pas données comme des règles imposées. La société examinée par Merton, qui a comme but culturel primordial le succès financier, provoque fréquemment de l’anomie et des comportements déviants. Un tel ordre social pousse les individus qui ne trouvent pas de satisfaction dans leur activité quotidienne, à se surpasser continuellement et à être toujours plus compétitifs. Ces individus utilisent donc souvent des moyens pas tout à fait conformes aux procédures institutionnelles pour atteindre leurs buts.

    A coté des actions « conformes », c'est-à-dire dans lesquelles les individus se conforment aux normes et aux valeurs de la société, Merton a identifié quatre types d’actions anomiques.

    -        l'innovation est une action par laquelle l'individu cherche à se conformer aux buts culturels valorisés dans sa société mais utilise des moyens illégitimes.

    -        le ritualisme est l'acte dans lequel l'individu se conforme aux normes mais a perdu de vue les valeurs qui soutiennent ces normes.

    -        l'évasion est l'action dans laquelle l'individu n'actualise plus ni les normes ni les valeurs de sa société.

    -        la rébellion est l'action par laquelle l'individu rejette les normes et valeurs de sa société mais en propose d'autres.

     

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    2. Mise en lien avec mon expérience professionnelle

     

    Comptable d’un EHPAD, je suis à la fois en interaction avec le personnel, la hiérarchie et les usagers. Nous préparons actuellement le  Contrat Pluriannuel d’Objectifs et de Moyens avec le Conseil Général et l’Agence Régionale de la Santé. Dans le cadre de ma formation au DEIS, j’ai eu l’occasion de revisiter la loi 2002 rénovant l’action sociale, la bible de nos institutions. Ce texte de Merton m’invite à réfléchir à nos pratiques. Chacun de nous, chacun de nos services, chacun dans sa fonction, dans son rôle se doit d’être  en conformité avec la législation en vigueur.

    La réglementation dans les Etablissements comme le nôtre est devenu une liste de prescriptions garantissant la conformité des comportements à la norme imposée.

    A mon niveau, me limiter à être en règle comporte le risque majeur de me placer dans une position d’exécutant face à des textes pris au pied de la lettre par des autorités dites « de tutelle ». Dans le cadre du C.P.O.M, les objectifs sont définis dans  une démarche qualité, mais les moyens négociés,  sont limités par des enveloppes budgétaires fermées et des schémas d’organisation, qui sont également enfermés dans des procédures d’évaluation-contrôle qui conditionnent l’autorisation de fonctionnement. L’institution d’action sociale réduit alors ses ambitions à la simple gestion d’un rapport quasi marchand avec ses usagers, elle s’enferme dans l’administration d’une double contrainte, parfois contradictoire, d’une part le plus bas coût possible de la prestation, d’autre part la satisfaction de l’usager-client. C’est ce ratio coût/satisfaction qui détermine la qualité. Il y la, dans le sens mertonien, une forme d’adaptation ritualiste.

    Ces adaptations se répercutent sur l’ensemble du personnel qui doit lui aussi adapter son comportement en fonction des exigences de la hiérarchie. L’an dernier par exemple notre Cadre de Santé a considéré que le temps qu’elle passait à mettre en place des procédures, à les évaluer ne lui permettait pas de servir le résident comme elle l’aurait voulu. C’était son rôle, mais les normes et les valeurs de l’établissement  ne correspondait plus à ses propres valeurs elle a préféré l’évasion : elle a démissionné. Je pourrais aller plus loin dans les exemples que l’on peut trouver dans nos structures, puisque selon sa personnalité chacun des agents s’adapte avec ses moyens, avec les conditions qui lui sont proposés mais je voudrais plutôt développer un consensus plus global : l’accueil du résident.

    L’article premier de la charte des droits et libertés de la personne âgée dépendante l’affirme : « Toute personne âgée dépendante garde la liberté de choisir son mode de vie ». 

    La liberté de choix des personnes âgées dépendantes, est difficile à mettre en œuvre, nous le savons bien. Qui prend  pouvoir, hiérarchie, autorité sur les personnes âgées ? De quel droit, avec quelle légitimité ? Le libre arbitre n‘est absolument pas respecté lorsque, pour quelque raison que ce soit, une personne, un groupe de personnes ou une institution tente, s’autorise et parvient à priver une personne âgée de son autonomie au prétexte et même au motif de prendre en charge sa dépendance et c’est là que le processus d’innovation se met en œuvre pour chacun des intervenants. Pour qu’une personne âgée qui ne peut plus rester chez elle, soit accueillie en établissement, il faut qu’elle puisse disposer d’une place et qu’elle décide d’y entrer. La situation où se trouve la personne se dégrade, l’environnement familial se fatigue et s’inquiète, le médecin redoute une détérioration de la situation, un accident, une chute. On prend peur à l’idée du gaz, des clefs, l’isolement alimente ces peurs et l’on "décide de placer" la personne en EHPAD. Elle s’y résout, psychologiquement contrainte, pour faire plaisir à ses enfants ; elle cède à la pression qui pèse sur elle, pour ne plus être un problème, une charge, un poids. La place étant libre, il faut l’occuper, il y a urgence. L’entourage aime à penser que le médecin a fortement insisté pour qu’on en arrive au placement, ça le déculpabilise, c’est une sorte de placement prescrit, presque sur ordonnance ; le médecin, lui, pense que l’entourage, épuisé n’a pas d’alternative et d’une certaine manière, il le soulage d’un poids trop lourd à porter.

    Pour des raisons de sécurité, physique, psychologique et médicale, une sorte de consensus se forme lentement pour construire une quasi-évidence : il n’y a pas d’autre solution. Il n’y a pas d’alternative. Il n’y a pas de choix. Nous sommes toujours prêts à surveiller pour sécuriser et à interdire pour protéger. L’équilibre est fragile entre respect de la liberté de choix et décision avec ou sans le consentement éclairé de la personne. J’y trouve là de l’innovation puisque le médecin, la famille, l’établissement, n’hésite pas à bafouer les droits fondamentaux de la personne dans le seul but d’assurer sa prise en charge.


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  • La dépendance des personnes âgées : un sujet qui touche fortement les Français âgés de 35 à 75 ans

    8 Français sur 10 (35-75 ans) se sentent concernés par la dépendance des personnes âgées, 4 sur 10 se déclarant « très concernés », que ce soit pour eux-mêmes ou pour leurs proches.

    Concrètement, 6 sur 10 ont actuellement ou ont eu par le passé une personne âgée dépendante dans leur foyer ou leur entourage familial. 1 Français sur 4 est actuellement confronté à la dépendance d'une personne âgée, et la moitié d'entre eux est « aidant ».

    Cette situation d'être ou d'avoir été « face » à la dépendance d'un proche est ressentie comme particulièrement difficile d'un point de vue psychologique ou affectif pour plus de la moitié d'entre eux (55%).

    Dans cette situation, c'est d'abord le maintien de la personne âgée à domicile qui est privilégié (67%), qui s'accompagne bien souvent d'une implication forte des proches, devant l'hébergement en établissement spécialisé (46%).

    Parmi les Français confrontés actuellement à la dépendance, près de la moitié (47%) déclare apporter une aide à la personne dépendante, principalement sur le plan matériel (37%) devant l'aide financière (20%). Ainsi, les « aidants » représentent 13% des Français de 35 à 75 ans.

    Pour autant, les Français restent peu préparés à cette échéance

    Seulement 1 Français sur 3 s'est déjà renseigné sur les solutions disponibles pour faire face au risque de dépendance :

    Lorsqu'on se renseigne, c'est en premier lieu sur l'aide à domicile (72%), puis l'hébergement en établissement spécialisé (53%) et les possibilités d'aide financière (49%). La téléassistance (43%) suscite davantage d'intérêt cette année (+ 9 points vs. 2007).

    En pratique, les Français âgés de 35 à 75 ans ne sont qu'un quart (23%) à se préparer pour faire face à ce risque, niveau stable depuis 4 ans. Parmi les plus âgés (65-75 ans), ils sont 1/3 (32%) à avoir pris des dispositions.

    Parmi eux, 3 sur 4 déclarent avoir souscrit un produit financier, en majorité un contrat de prévoyance (53%) devant d'autres produits financiers « non spécialisés » (39%). Soit sur l'ensemble de la population des 35-75 ans, 12% ont souscrit un contrat de prévoyance pour la dépendance.

    Parallèlement, d'autres dispositions liées au logement ont été prises : 26% des Français ayant pris des dispositions l'ont fait en matière de logement, à la fois des aménagements spécifiques du logement (15%) ou l'achat d'un bien mieux adapté (15%).

    Actions prioritaires de l'État :
    soutien pour le maintien à domicile de la personne dépendante

    Pour 8 Français sur 10 (83%), aider à maintenir leurs proches le plus longtemps possible à domicile ou à développer l'hospitalisation à domicile: est une action prioritaire que l'Etat doit mettre en œuvre, nettement devant l'augmentation du nombre de places dans les maisons de retraite (44% vs. 57% en 2007).

    Projets de mesures sur la dépendance

    Parmi les différents travaux annoncés sur la prise en charge de la dépendance, les Français sont partagés quant à la mise en place d'une assurance dépendance obligatoire à partir de 50 ans : 4 Français sur 10 (35-75 ans) y sont favorables, 56% parmi les plus âgés (65-75 ans).

    Le fait de proposer des aides publiques pour la prise en charge de la dépendance avec ensuite un recours sur la succession semble difficile à accepter : 1/3 des Français y est favorable, mais près d'1 sur 2 (46%) y est très défavorable.

    Ils sont en revanche particulièrement favorables à certaines mesures, relatives à la prévention ou pouvant soutenir les aidants :

    • Le bilan de prévention systématique (bilan mémoire, bilan autonomie ou prévention des chutes) est une mesure vivement appréciée, par 8 Français sur 10 (31% très favorables)
    • Les propositions d'aide aux aidants remportent également l'adhésion, en particulier la possibilité pour la personne aidante d'aménager son temps de travail (46% très favorables) et de bénéficier d'une formation (40%).

    Étude réalisée par le département Finance de TNS Sofres pour La Banque Postale Prévoyance, du 13 au 18 décembre 2010, auprès d’un échantillon représentatif de la population française âgée de 35 à 75 ans, selon la méthode des quotas (1010 personnes interrogées).

    Télécharger l'étude compléte


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  • MémoSport Sénior se consacre entièrement au maintien des capacités des séniors.

    La clientèle est essentiellement basée sur les personnes de 60 ans et plus qui ont le désir de préparer un projet de vie confortable. MémoSport Sénior est le premier site en France qui met à la portée de tous la possibilité de lutter contre les effets du vieillissement par une prévention efficace et active.

    Qui ne rêve pas de se retrouver à la retraite avec toutes ses capacités physiques et intellectuelles et, qui plus est, à son domicile....

    A travers ce site vous pourrez échanger, pratiquer, vous informer sur les différentes actions de prévention.Vous pourrez vous inscrire et ainsi avoir la possibilité de participer à des séances de mémoire en ligne, des stages d'équilibre, de la gymnastique adaptée par la mise en ligne de petites vidéos qui vous guideront dans votre quotidien.


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  • Cette année les résidents de la maison de retraite ont troqué leur tenue de ski par une tenue de bain, en effet la sortie à Luz Ardiden n'a pu s'organiser mais qu'à cela ne tienne, les possibilités de se faire plaisir dans le canton ne manquent pas !

    C'est ainsi que 22 personnes âgées dépendantes et autonomes se sont inscrites pour une virée au Lienz, début avril, "chez Louisette" aidés de 15 personnels qui les accompagneront digérer les pieds dans l'eau et la tête dans les étoiles aux thermes de Barèges.

    Le soleil était au rendez vous pour nous permettre d'apprécier la nature environnante, l'accueil chaleureux de Louisette, sa cuisine traditionnelle et innovante, mélange de produits du terroir, d'herbes et de fleurs...tous les ingrédients étaient réunis pour passer un excellent moment qui se termina bien sur en chanson. Un grand merci à Louisette pour sa disponibilité et sa gentillesse.

    Manger...quel régal mais le plus dur restait à faire...digérer !!! La moitié des résidents ont choisi le repli sur la maison pendant qu'une dizaine d'entre eux et leurs accompagnants se dirigèrent vers les thermes. Beaucoup de joie et une petite pointe d'appréhension, en particulier pour D qui rêvait d'un bain en piscine depuis bien longtemps.

    Grâce à l'équipement des thermes de Barèges pour accueillir les personnes à mobilité réduite, D. a bénéficié d'un "plongeon" à l'aide du lève personne, tout son corps, bien trop souvent endolori s'est libéré de bien des tensions, quel bonheur !

    La loi de l'apesanteur aidant, les résidents accompagnés des personnels des Ramondias ont traversé le bassin profitant des bulles et jets, se prélassant dans le jacuzzi  face aux montagnes, la tête dans les étoiles !

    Fourbus mais ravis, prêts à repartir ils remercient vivement toutes les personnes ayant œuvré pour  la réussite de cette belle journée : chez Louisette, aux thermes et bien sur l'équipe des RAMONDIAS !

    Encore un projet : pourquoi pas un atelier piscine bi-mensuel !!


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