• L'amitié est intime

    J'ai fais cet article parce qu'on a tous plein d'amis sur Facebook....et surtout parce que j'aime Aline

    L’amitié et les variations de réalité

    L’amitié est un sujet Tabou. Elle se lie souvent sans efforts aucun et s’entretient parfois facilement au grès des rencontres régulières…mais souvent elle nécessite des efforts conjoint importants quand les chemins de chacun commencent à diverger. Pas besoin d’être voyant pour comprendre que l’amitié est nourrit par l’échange, et que la baisse de la fréquence de rencontre peut amener à sa perte.

    La distance pour certains réduit l'intimité.

    Car l’amitié c’est un couple dans lequel des choses différentes sont partagés. Elle demande moins d’exclusivité, mais en contrepartie elle demande moins d’engagement émotionnel. Moins il y a eu de partage, plus il est facile de rompre, de s’oublier (car c’est souvent comme ça que ça marche: on ne se voit plus, on ne s’appelle plus, mais on est ami…). L’amitié c’est un couple non dénué de sentiment et c’est ce qui en fait un sujet compliqué, Tabou pour certains, en tout cas difficile à exprimer. Car bien que le couple amoureux soit complexe il n’offre pas le terrain glissant de l’amitié : j’ai des émotions pour toi, j’aimerais une amitié exclusif parfois, je ne sais pas parler de mon amitié pour toi sans être gêné, je ne sais pas comment être souvent avec toi sans te le dire, je peux ne plus te parler et continuer de vivre, j’aimerais que tu te préoccupe plus de moi, etc…;
    Vous me direz, certains couples amoureux ressentent les même questions, certes…c’est un autre sujet !

    Car à la différence du couple amoureux qui touche une intimité différente, l’amitié des premiers jours vit très souvent dans le non dit. Le couple amoureux doit au minimum exprimer son désir. Difficile à faire pour une amitié, (entre deux hommes , entre deux femmes, entre un homme et une femme…)

    Donc l’amitié est un Tabou que seul la volonté de partager, aussi le vécu émotionnel commun, peut briser. Mais exprimer c’est comme toujours se risquer à l’incompréhension de l’autre (pourquoi me dit il ça), à la peur de l’autre (je ne veux pas qu’il voit notre relation amicale comme ça), et/ou à la rupture de la relation. C’est pour cela que l’expression du ressenti dans une relation d’amitié intervient alors comme une nouvelle étape dans la relation. Car ne soyons pas dupe, l’expression de ressentis ou de données très personnelle ne peut intervenir qu’avec la certitude de ne pas être blessé ou de ne pas blesser l’autre. La confiance doit prédominer si l’on veut exprimer quelque chose qui peut être utilisable par l’autre comme une arme. A Hanif Kureishi de nous rappeler encore « Quelle splendide innocence ont les gens quand ils ne s’attendent pas à ce qu’on leur fasse du mal. [...] Qui pourrait la détruire sans se blesser soi-même ». De qui parle il, de sa femme ou de sa relation ?

    Le non dit, la non expression des ressentis implique le non engagement, le court-termisme de la relation. En l’absence de partage, la relation est basée sur des points commun, une euphorie, le plaisir à partager du temps et des paroles. Mais il semble impossible d’arriver à une relation en « équilibre », pouvant vivre avec peu d’échanges ou des rencontre sans partage de ce que la relation m’apporte, ce que j’aime chez l’autre, ce que je n’aime pas, etc…

    Si la relation est basée sur le plaisir du partage d’un vécu commun, alors elle risque de s’étouffer au fur et à mesure que ce passé commun vieillit et s’oublie. Une relation sur le long terme ne peut pas être basée sur ce que l’autre est à un instant donné, mais bien sur l’autre, tout court. « Ta vie m’intéresse, la partager à travers nos échanges m’intéresse ». Or pour dire ça, il faut déjà avoir été capable de dire bien d’autres choses.

    « Les doutes se sont ce que nous avons de plus intime. » nous rappelle Camus à propos de l’amitié. Oui, c’est peut être cela, une amitié sur le long terme touche à l’intime, et l’intime peut blesser. Alors de la même façon que s’engager dans un couple peut faire souffrir, s’engager dans une amitié forte peut blesser. Entrer dans l’intime demande le concours des deux protagonistes, « chacun doit nourrir la relation » (Jacques Salomé). Si un seul des deux croit la relation perdue, alors elle sera souvent mise en sommeil, avec le risque de ne jamais être réveillée sauf par une nouvelle expérience commune.
    La question ne se pose pas tant que la réalité est commune. C’est à dire que l’on voit la même chose, que l’on échange sur les même sujets, que nos préoccupations sont identiques et puis il apparait  que la réalité vécue diverge. En clair si l’un met son amitié en priorité car son travail est stable et l’autre met son travail en priorité car il doit manger, alors le risque de rupture et surtout d’incompréhension devient grand.

    Le partage de l'intime permet de s'y retrouver quand l'expérience vieillit.

    Bien entendu, une amitié en sommeil peut se ré-amorcer. Ceci d’autant plus facilement que le registre intime eut déjà été évoqué. Mais de la même façon qu’un couple qui souffre en se déchirant, une relation amicale tombée en sommeil peut provoquer des blessures et rendre d’autant plus difficile le retour vers une intimité.
    Le cas de personne extrêmement sociale peut se rencontrer parfois : elles ont la capacité à avoir beaucoup d’ami mais aucun intime. Elles ont la volonté de te voir mais ne veulent pas enrichir la relation. La mort assurée.

    Enfin, comment conclure un propos sur la relation, sur l’amitié sans citer Jacques Salomé : « La véritable intimité est celle qui permet de rêver ensemble avec des rêves différents ». A vos pensées.


  • Commentaires

    1
    Titouni
    Dimanche 22 Mai 2011 à 09:49
    Ah Salomé.
    Merci pour ce super article
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