• Les manipulations de François Mitterand

    François Mitterrand et le Front national

    Une manipulation du Front national ?

    Le journaliste Franz-Olivier Giesbert parle d'une stratégie délibérée de déstabilisation de la droite parlementaire (RPR, UDF). Le président Mitterrand aurait ainsi reconnu dans des correspondances en 1982 l'iniquité de traitement à la radio-télévision de Jean-Marie Le Pen. Il aurait alors demandé au ministre de la Communication d'appeler l'attention des responsables des sociétés de chaînes sur le manquement dont Jean-Marie Le Pen aurait été la victime. En février 1984, Giesbert rapporte que l'Élysée fait pression sur les chaînes de télévision pour qu'elles ouvrent davantage leurs antennes au chef du FN, notamment à l'Heure de vérité, émission politique présentée par François-Henri de Virieu. Jean-Marie Le Pen reconnaît lui-même que c'est grâce à François Mitterrand que « l'omertà a été rompue ».

    Tout en reconnaissant que les préoccupations tactiques n'étaient pas absentes de la pensée présidentielle, l'historienne Anne-Marie Duranton-Crabol, dans son intervention au colloque « Changer la vie » considère qu'une telle stratégie peut être contestée par l'analyse épistémologique. Les réponses aux correspondances de 1982 et 1984 auraient été négatives et auraient éconduit Jean-Marie Le Pen, le renvoyant aux décisions de la Haute Autorité, selon les journalistes Pierre Favier et Michel Martin-Roland après leur enquête dans les archives présidentielles.

    Mais selon Michel Charasse, le Front national faisait bien l’objet de conversations. En réponse à une première missive du président du FN, ce conseiller du président de la République avait bien prescrit au président que le Front national soit traité à égalité avec les autres formations politiques, d’où l’instruction en sa faveur donnée au ministre de la Communication, confirmée par le président de la République.

    L'établissement du scrutin proportionnel

    Le scrutin proportionnel était l'une des 110 propositions pour la France du candidat François Mitterrand lors des élections de 1981. La décision de changer le mode de scrutin ne fut prise qu'en mars 1985 au lendemain d'élections cantonales désastreuses pour la gauche. Il est adopté en conseil des ministres en avril 1985, provoquant la démission immédiate de Michel Rocard (alors ministre dans le gouvernement de Laurent Fabius). Selon Franz-Olivier Giesbert, l'adoption de ce scrutin s'expliquait, non par du machiavélisme, mais par une acceptation du risque selon lequel le RPR et ses alliés étaient un danger plus grand pour la démocratie que l'arrivée du FN au Parlement. René Rémond faisait la même analyse quelques années plus tôt. Le changement de mode de scrutin permettait d'amoindrir la défaite attendue du Parti socialiste et de compromettre la possibilité pour l'opposition de conquérir la majorité absolue des sièges. Le nombre de députés était également modifié passant de 491 à 577.

    Lors des élections législatives du 16 mars 1986, 35 députés du Front national furent élus alors que l'alliance RPR-UDF et divers droite n'obtenait que 3 députés de plus que la majorité absolue (291 pour 288). Jean-Marie Le Pen considère que François Mitterrand, « vrai politique », aurait été un « benêt » de ne pas instaurer la proportionnelle.

    La proposition de droit de vote des immigrés aux élections locales

    C'est l'une des 110 propositions pour la France reprise en 1985 et également en 1988 dans la Lettre à tous les Français.

    Selon Anne-Marie Duranton-Crabol, rien ne permet d’étayer la lecture selon laquelle cette évocation renouvelée du droit de vote des immigrés par François Mitterrand, en avril 1985, constituait une « manœuvre du florentin, destinée à donner un coup de pouce à la droite nationale pour accélérer la zizanie dans l’opposition. ».


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