• Invitation Meeting Toulouse

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  • Du premier au troisième

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    La vérité...
    Par: Guy Béart

    Le premier qui dit se trouve toujours sacrifié
    D'abord on le tue
    Puis on s'habitue
    On lui coupe la langue on le dit fou à lier
    Après sans problèmes
    Parle le deuxième
    Le premier qui dit la vérité
    Il doit être exécuté.

    J'affirme que l'on m'a proposé beaucoup d'argent
    Pour vendre mes chances
    Dans le Tour de France
    Le Tour est un spectacle et plaît à beaucoup de gens
    Et dans le spectacle
    Y a pas de miracle
    Le coureur a dit la vérité
    Il doit être exécuté.

    A Chicago un journaliste est mort dans la rue
    Il fera silence
    Sur tout ce qu'il pense
    Pauvre Président tous tes témoins ont disparu
    En choeur ils se taisent
    Ils sont morts les treize
    Le témoin a dit la vérité
    Il doit être exécuté.

    Le monde doit s'enivrer de discours pas de vin
    Rester dans la ligne
    Suivre les consignes
    A Moscou un poète à l'Union des écrivains
    Souffle dans la soupe
    Où mange le groupe.
    Le poète a dit la vérité
    Il doit être exécuté.

    Combien d'hommes disparus qui un jour ont dit non
    Dans la mort propice
    Leurs corps s'évanouissent
    On se souvient ni de leurs yeux ni de leur nom
    Leurs mots qui demeurent
    Chantent "juste" à l'heure.
    L'inconnu a dit la vérité
    Il doit être exécuté.

    Un jeune homme à cheveux longs grimpait le Golgotha
    La foule sans tête
    Etait à la fête
    Pilate a raison de ne pas tirer dans le tas
    C'est plus juste en somme
    D'abattre un seul homme.
    Ce jeune homme a dit la vérité
    Il doit être exécuté.


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  • Portrait de la démocratie athénienne par Aristophane (424 av. J.C.)

    frecheExtrait de la comédie Les Cavaliers  du dramaturge grec Aristophane.

    Pour combattre le démagogue Cléon, le parti des Cavaliers désespère de trouver un candidat à la hauteur. Un oracle révèle qu’un marchand de tripes sera capable de séduire le peuple ― ici incarné par le personnage nommé Démos. Nicias et Démosthène partent à la recherche du champion ― ou devrait-on dire de la marionnette ? ― qui consacrera la victoire du parti des Cavaliers aux élections. Ils le trouvent enfin :

    DÉMOSTHÈNE. Ô bienheureux marchand d’andouilles, viens, viens, mon très cher ; avance, sauveur de la ville et le nôtre.

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. Qu’est-ce ? Pourquoi m’appelez-vous ?

    DÉMOSTHÈNE. Viens ici, afin de savoir quelle chance tu as, quel comble de prospérité.

    NICIAS. Voyons ; débarrasse-le de son étal, et apprends-lui l’oracle du dieu, quel il est. Moi, je vais avoir l’œil sur le Paphlagonien.

    DÉMOSTHÈNE. Allons, toi, dépose d’abord cet attirail, mets-le à terre ; puis adore la terre et les dieux.

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. Soit : qu’est-ce que c’est ?

    DÉMOSTHÈNE. Homme heureux, homme riche ; aujourd’hui rien, demain plus que grand, chef de la bienheureuse Athènes.

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. Hé ! mon bon, que ne me laisses-tu laver mes tripes et vendre mes andouilles, au lieu de te moquer de moi ?

    DÉMOSTHÈNE. Imbécile ! Tes tripes ! Regarde par ici. Vois-tu ces files de peuple ?

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. Je les vois.

    DÉMOSTHÈNE. Tu seras le maître de tous ces gens-là ; et celui de l’Agora, des ports, de la Pnyx ; tu piétineras sur le Conseil, tu casseras les stratèges, tu les enchaîneras, tu les mettras en prison ; tu feras la débauche dans le Prytanée.

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. Moi ?

    DÉMOSTHÈNE. Oui, toi. Et tu ne vois pas encore tout. Monte sur cet étal, et jette les yeux sur toutes les îles d’alentour.

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. Je les vois.

    DÉMOSTHÈNE. Eh bien ! Et les entrepôts ? Et les navires marchands ?

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. J’y suis.

    DÉMOSTHÈNE. Comment donc ! N’es-tu pas au comble du bonheur ? Maintenant jette l’œil droit du côté de la Carie, et l’œil gauche du côté de la Chalcédoine.

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. Effectivement ; me voilà fort heureux de loucher !

    DÉMOSTHÈNE. Mais non : c’est pour toi que se fait tout ce trafic ; car tu vas devenir, comme le dit cet oracle, un très grand personnage.

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. Dis-moi, comment moi, un marchand d’andouilles, deviendrai-je un grand personnage ?

    DÉMOSTHÈNE. C’est pour cela même que tu deviendras grand, parce que tu es un mauvais drôle, un homme de l’Agora, un impudent.

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. Je ne me crois pas digne d’un si grand pouvoir.

    DÉMOSTHÈNE. Hé ! hé ! pourquoi dis-tu que tu n’en es pas digne ? Tu me parais avoir conscience que tu n’es pas sans mérite. Es-tu fils de gens beaux et bons ?

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. J’en atteste les dieux, je suis de la canaille.

    DÉMOSTHÈNE. Quelle heureuse chance ! Comme cela tourne bien pour tes affaires !

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. Mais, mon bon, je n’ai pas reçu la moindre éducation ; je connais mes lettres, et, chose mauvaise, même assez mal.

    DÉMOSTHÈNE. C’est la seule chose qui te fasse du tort, même sue assez mal. La démagogie ne veut pas d’un homme instruit, ni de mœurs honnêtes ; il lui faut un ignorant et un infâme. Mais ne laisse pas échapper ce que les dieux te donnent, d’après leurs oracles. […]

    LE MARCHAND D’ANDOUILLES. Oui, l’oracle me désigne ; mais j’admire comment je serai capable de gouverner Démos.

    DÉMOSTHÈNE. Tout ce qu’il y a de plus simple. Fais ce que tu fais brouille toutes les affaires comme tes tripes ; amadoue Démos en l’édulcorant par des propos de cuisine : tu as tout ce qui fait un démagogue, voix canaille, nature perverse, langage des halles : tu réunis tout ce qu’il faut pour gouverner. Les oracles sont pour toi, y compris celui de la Pythie.


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  • Leçon de démocratie du socialiste Georges FRÊCHE à ses étudiants (février 2009)

    frecheGeorges FRÊCHE est un homme de gauche : Maoïste de 1962 à 1967, membre fondateur du Parti Socialiste en 1972, principal soutien de Ségolène Royal dans le Sud pour sa candidature à l’élection présidentielle 2007, il était actuellement le président du Conseil Régional de Languedoc-Roussillon avant de déceder l'an dernier. Sa statue vient d'être devoilée à Montpelier (80 000 €)

    Professeur honoraire d’histoire de droit romain à l’Université Montpellier I, il est enregistré en février 2009 par ses étudiants lors de son cours magistral :

    Oui ! Ce que je vous dis, c’est l’évidence.

    Ah si les gens fonctionnaient avec leur tête ! Mais les gens ne fonctionnent pas avec leur tête, ils fonctionnent avec leurs tripes. La politique c’est une affaire de tripes, c’est pas une affaire de tête.

    C’est pour ça que moi quand je fais une campagne, je ne la fais jamais pour les gens intelligents. Des gens intelligents, il y en a 5 à 6 %. Il y en a 3% avec moi et 3% contre, je change rien du tout. Donc je fais campagne auprès des cons et là je ramasse des voix en masse. Et jamais sur des sujets…

    Enfin, aujourd’hui je fais ce qui m’intéresse comme Président de Région : j’aide les lycées, j’aide la recherche. Et quand je ferai campagne, dans deux ans pour être de nouveau élu, je ferai campagne sur des conneries populaires, pas sur des trucs intelligents que j’aurai fait :

    - Qu’est ce que les gens en ont à foutre que je remonte les digues. Les gens s’occupent des digues quand elles débordent, après ils oublient. Ça les intéresse pas ! Les digues du Rhône, les gens ils s’en foutent. Ah ! à la prochaine inondation, ils gueuleront qu’on n’a rien fait. Alors moi je mets beaucoup d’argent sur les digues du Rhône, mais ça ne me rapporte pas une voix, par contre si je distribue des boites de chocolat à Noël à tous les petits vieux de Montpellier, je ramasse un gros paquet de voix.

    - Je donne des livres gratuits dans les lycées. Vous croyez que les connards me disent “merci”, ils disent « non, ils arrivent en retard ! » Comme si c’était ma faute parce que l’appel d’offres n’avait pas marché et que donc il y avait quinze jours de retard dans la livraison. Les gens, ils disent pas “merci” ; d’ailleurs les gens ils disent jamais “merci”. Les cons ne disent jamais “merci” !

    Les cons sont majoritaires ! Et moi j’ai toujours été élu par une majorité de cons et ça continue, parce que je sais comment les engraner. J’engrane les cons avec ma bonne tête, je raconte des histoires de cul, etc.

    Ça un succès de fou ! Ils disent : « Merde ! il est marrant, c’est un intellectuel mais il est comme nous. » Quand les gens disent « il est comme nous », c’est gagné ! Ils votent pour vous. Parce que les gens votent pour ceux qui sont comme eux. Donc il faut essayer d’être comme eux.

    Là, les Catalans me font chier, et je leur tape dessus parce qu’ils m’emmerdent. Mais dans deux ans, je vais me mettre à les aimer. Je vais y revenir, je vais leur dire : « Mon Dieu, je me suis trompé, je vous demande pardon ! » Ils diront : « qu’il est intelligent ! » Ils me pardonneront… Ils en reprendront pour 6 ans !

    C’est un jeu, qu’est ce que vous voulez, il faut bien en rire. Avant je faisais ça sérieusement, maintenant j’ai tellement l’habitude de la manœuvre que ça me fait marrer.

    Les cons sont cons et en plus ils sont bien dans leur connerie. Pourquoi les changer ? Pourquoi voulez vous les changer ? Si vous arrivez à faire en sorte que les gens intelligents passent de 6 à 9 % voire à 11, vous ne pourrez pas aller au-delà.

    Mais les cons sont souvent sympathiques, moi je suis bien avec les cons, je joue à la belote, je joue aux boules. Je suis bien avec les cons parce que je les aime. Mais ça ne m’empêche pas de les juger.

    Et après, quand vous avez raison, après ils vous donnent raison, mais toujours 3 à 4 ans après. Ils disent : « mais il est pas si con parce que, après tout, ce qu’il a fait, ça marche. »

    Donc vous faites des trucs, vous vous faites élire, 6 ans :

    - Les 2 premières années vous devenez maximum impopulaire. Vous leur tapez sur le claque bec, etc. « Ah salaud ! le peuple aura ta peau ! On t’aura ! » moi je dis : « cause toujours, je vous emmerde ! »
    - Ensuite 2 ans vous laissez reposer le flan. Vous faites des trucs plus calmes.
    - Et les deux dernières années, plus rien du tout, des fontaines, des fleurs, et des bonnes paroles : « Je vous aime ! Ô Catalans, je vous aime ! Ô Occitans mes frères, je vous aime ! » Vous faites un petit institut, une merde pour propager le catalan auprès de 4 “guguss” : tout le monde est content ! Évidemment, ils parlent catalan comme ça personne les comprend à 3 km de chez eux. Mais, ça leur fait plaisir.


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