• 16 mars : Journée Nationale du sommeil

    sommeil

    Un peu de poésie, c'est possible...

    sommeil

    A Souffler plus tôt il aspire

    Sur sa couche il se tourne,
    Se retourne,
    Et le sommeil se détourne.
    C’est le sommeil du posté.

    Les yeux gonflés et rougis
    N’auront froissé les draps qu’une poignée d’heures,
    Lorgnant cent fois de peur qu’ils ne s’oublient
    Les aiguilles du réveil de son sommeil… réparateur ?

    Sur sa couche il se tourne,
    Se retourne,
    Et le sommeil se détourne.
    C’est le sommeil du posté.

    Un café en vitesse descendu,
    Le voilà parti assurer la relève.
    Son collègue l’attend, ses yeux n’en peuvent plus,
    Ils vont se fermer avant que le jour ne se lève.
    En fin de nuit, une ravigotante douche,
    Et voilà que son sommeil s’enfuit.
    Quand le jour se lève, le verrier enfin se couche,
    Saoulé de chaleur et de bruit.

    Sur sa couche il se tourne,
    Se retourne,
    Et le sommeil se détourne.
    C’est le sommeil du posté.

    De sommeils en méridiennes
    Entrecoupées par les criardes voix des loupiots,
    Ou par ces diables de piafs qui de leurs rengaines
    Au jour nouveau en train de poindre, saluent très tôt,
    Quand ce n’est l’astre souverain qui darde
    De ses rayons à travers les volets,
    Ou le marchand ambulant
    Qui longuement s’attarde
    Sur son klaxon stridulent.

    C’est le sommeil du posté.
    Sur sa couche il se tourne,
    Se retourne,
    Et le sommeil se détourne.

    Et des matins, des après-midi,
    Et d’innombrables nuits,
    Du défilé des jours au défilé des ans,
    A cette usure du temps.
    Il œuvre dans le "cagnard",
    C’est le dur métier de verrier.
    Bleu azur, le bleu de son "costard"
    Avant que ne le maculent huile et suée.

    Dieu quelles sont harassantes ces putains de journées,
    Dans la chaleur écrasante des étouffants étés,
    Où tu ne sais plus si tu as bu ou si tu as soif,
    Les jambes en coton et le corps à moitié paf.
    Avec son jargon, le verrier dit qu’il a « plongé »,
    Qu’il repart en "planche", qu’il a pris une "brumée".
    Et d’un revers de manche il éponge,
    Sur son front rougi et ruisselant,
    Les perles du labeur.

    Souvent revient à lui le même songe
    Dans l’air irrespirable devenu brûlant :
    "S’il obtenait le droit à la retraite avant l’heure" ?
    A souffler plus tôt le verrier aspire,
    Il est grand temps enfin… Qu’il respire.
    Après trente printemps postés,
    Le verrier a « fait son temps ».
    Son corps est las, usé,
    Et n’a plus hélas ses jambes de vingt ans.

    Il n’a au grand jamais "fait néant"
    Tant s’en faut il a donné tellement
    Avec ses bras et ses entrailles.
    Devant la porte de l’usine,
    Le « petit jeune » fait triste mine,
    Il se morfond et souhaiterait bien du travail…


    Juin 2000, Jean-Marc Delfau Albi
    Source : site Web www.svs81.org


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